L’info a été glissée en catimini sur notre forum : l’équipe de production Animalsons, qui pilote (entre autres) les albums de Booba, a été invitée à travailler sur le prochain album de… Benjamin Biolay.
Sur le moment, on a eu un peu de mal à imaginer la nonchalance grave du chanteur sur les beats chargés au plutonium du duo Clément Dumoulin/Marc Jouanneaux, mais ‘La Superbe’, premier extrait diffusé sur le web pendant l’été, a permis de mieux saisir la nature de cette collaboration, où des violons solennels rejoignent une ligne rythmique nerveuse estampillée Animalsons. Intrigués, nous avons passé un coup de fil à Clément Dumoulin pour en savoir un peu plus sur cette rencontre inattendue et fructueuse…
Clément Dumoulin : “C’est Benjamin qui a établi le contact, il cherchait à avoir un son différent de ses albums précédents alors il m’a appelé. Il m’a dit qu’il aimait bien ce que je faisais, il avait des titres en préparation et l’idée serait que j’intervienne sur les morceaux pour leur donner une autre couleur. Apporter des arrangements rythmiques notamment : pour moi, la batterie, c’est le carbone 14 pour donner une identité à un titre. [Benjamin Biolay] avait simplement cette idée en tête, sans trop savoir comment l’expliquer. il m’a simplement dit de passer au studio Bastille, là où il enregistrait. Il m’a dit “Viens au studio, je te fais écouter les titres et après, amuse-toi“.
Je suis arrivé au studio, il n’était pas là. L’ingé son l’a appelé pour lui demander ce qu’on devait faire. Benjamin lui a dit “Fais-lui écouter des titres et s’il est chaud, il attaque“. Je ne savais pas trop où ça allait m’emmener, je me suis retrouvé avec l’ingé, ma MPC, mes expandeurs… Il y avait un début de titre, les paroles étaient enregistrées, moi j’ai bossé autour et c’est devenu ‘La Superbe’. Benjamin était sur la route, j’ai donc bossé sans consigne à partir des pistes. Quand il est arrivé, j’avais fini, il a écouté et m’a dit “Voilà, c’est exactement ce que je voulais“.
Il est super calé en rap, c’est un garçon étonnant qui a une grosse culture urbaine. Il m’a connu à travers les titres de Booba que j’ai produit, il connaît les phases, les albums, et pas seulement ceux de Booba d’ailleurs… Il est aussi très calé en rap américain et en reggae.
On a fait un autre morceau, je pense qu’il sera sur l’album mais je ne sais pas ce qu’il en est. Ils ont déjà tout mixé donc je pense qu’ils vont maintenant faire le choix des titres. Il y a aussi un morceau étonnant dans lequel Benjamin reprend des phases à Booba. Ça va te surprendre : l’une des rimes qu’il cite vient du morceau ‘Le Duc de Boulogne’, quand Booba dit… “Toute la bande à Sarko, j’la ferais bien tapiner / Au micro j’suis l’un des négros les plus raffinés“. C’est sympa hein ! C’est le côté absolument improbable du truc…
Avec le bouche à oreille , cette collaboration a donné des idées aux gens, et d’autres projets dans même genre se profilent pour moi. Aux Etats-Unis, les gros vendeurs de disques font régulièrement appel aux producteurs issus de l’urbain, mais en France, ça reste très catégorisé. C’est chacun dans son registre, et il y a assez peu de ponts entre les producteurs de hip-hop et le monde de la chanson. Mais là, ça s’est bien passé, et on m’appelle pour d’autres projets. Je préfère pas encore donner de noms car je ne sais pas encore ce que ça va donner, mais je rentre sur Paris dans trois jours pour présenter des chansons à l’un des plus gros vendeurs de disques en France…”