jfmoods je pense que le mieux c'est de demander directement à l'auteur
Qu'est ce qui te titille dans cette chanson ?

liloula

à porter à son crédit là il a été relancé sur chère inconnue sinon il était presque prêt à passer à la superbe

Il reste donc 20 chansons à débattre ton forum va vivre longtemps lili

Émilie a écrit (à propos d'une certaine obsession masculine) :

Citation :

Rassurez-moi, vous êtes pas tous comme ça ?

Non... On est bien pires !

"J'ai toujours préféré aux voisins mes voisines..."

Allons ! Reprenons nos esprits !

Chacun ses classiques !

J'essaie de mettre ça en forme ce soir... Ça pourrait être un peu long !

rétines et pupilles...

Émilie a écrit :

Citation :

Le pékin lambda qui développe une obsession pour sa voisine, tout de même
Rassurez-moi, vous êtes pas tous comme ça ?

On est bien d'accord, Émilie ! Le personnage de cette chanson a développé une forme de fétichisme : celui du regard. À un moment donné, tout a basculé en lui : de mateur occasionnel (mec normal ), il est devenu voyeur (pathologie). Dès lors, sa vie entière va tourner autour de cette femme comme la Terre tourne autour du soleil. Or, ce monde qu'il regarde est fantasmé, il est littéralement vampirisé par tout un imaginaire érotique dont il se repasse à l'infini les mêmes scènes ("tout de noir dévêtue..."), comme dans un film, se les restituant aussi, obsessionnellement, par le dessin. Le propre du voyeur est dans un rapport à la distance, au fantasme. J'adore le clin d'oeil à Baudelaire ("L'auriez-vous choisi ce deux-pièces en ville"/"Ô toi qui le savais"). Toujours cette idée fascinante et insupportable que l'être désiré est parfaitement conscient du pouvoir d'attraction qu'il exerce sur nous, qu'il en donc coupable d'avoir sciemment provoqué en nous le désir. Si je te désire, c'est de ta faute ! T'avais qu'à être moins belle ! Dans le pire des cas, ça donne un film remarquable : "The Collector" ("L'Obsédé") de William Wyler, qui date de 1965 et qui fouille, avec une rare intelligence, les méandres de la relation emprisonnement/séduction jusqu'à une fin hélas trop prévisible. De toute façon, le voyeur est, par nature, incapable d'entrer dans une relation directe, dans une relation de séduction avec une femme, parce qu'il a peur d'être rejeté, de se prendre tous les râteaux du monde. Il est plus confortable et moins dangereux de rêver à loisir à une femme que l'on souhaite inabordable. Aussi, la première excuse est la bonne : "Si j'avais su que vous étiez facile..." Le fait qu'il n'ait jamais vu aucun homme auprès de cette femme suffit à le conforter dans le fait qu'elle n'est pas facile. Ça lui sert définitivement d'excuse pour ne jamais rien entreprendre. Le retournement, dans cette chanson, s'effectue au moment où ces fameux sont prononcés :

Citation :

Je serais venu
Au lieu de cet imbécile

Dans un éclair de lucidité, le voyeur se considère tout à coup dans sa propre aliénation. Il est aliéné, au sens premier du terme : étranger à lui-même, englué dans un pur fantasme qui est devenu sa réalité. "Tu n'es qu'un pauvre idiot !" se dit-il. "La vie est à vivre, pas à rêver !" Bizarre, ça me rappelle un peu la fin de Sliver, quand Sharon Stone, de rage, éteint définitivement tous les écrans. "Ce qui ne te tue pas te rend plus fort". Trop tard. Il est pris dans la gigantesque toile mentale d'une araignée...

De toute façon, s'il avait jamais projeté d'avoir véritablement une aventure avec cette femme, il aurait cherché et trouvé son nom, son prénom, aurait observé d'autres pans de sa vie pour tâcher de provoquer une rencontre. Mais tout cela ne l'intéresse pas...
Et puis, il y a un autre élément qui plaide pour l'absence d'homme(s) dans la vie de cette femme. C'est cet adjectif : "ingénue". Cette femme lui est restée mystérieuse, de toute évidence. Aucun élément n'est venu briser le charme de cette contemplation première sur laquelle la totalité de sa pensée s'est cristallisée. Cette femme est belle pour lui et pour lui seul.
La lecture la plus poétique de ce texte admettrait une interprétation Rosenstolzienne ("Voyeur"). La femme qui se sait vue, est consciente de l'effet qu'elle produit et qui joue le jeu de la séduction de son côté... se demandant, troublée, quelle peut bien être l'apparence physique de celui qui la regarde de manière aussi obsessionnelle... Bref, deux êtres, face à face, dans le noir de leur chambre, perdus dans leur fantasme mutuel.

je suis toujours absolument en désaccord

bonjour tout le monde,
je lis de temps à autre les discussions de ce forum très détaillé et de vos multiples réponses et ce topic est vraiment interréssant, vos points de vue sont riches, chacun avec son expérience de vie..
aujourd'hui j'ai envie d'intervenir car je pense que jf moods a décrit parfaitement mon sentiment , l'histoire de " chère inconnue ".. la femme fantasmée, l'homme pris au piège par un idéal.. il aimerait l'approcher , la toucher , la sentir... il la désire au plus profond de son être , elle est son héroine...
c'est un fantasme , certaines femmes font rêver les hommes , seulement ils ont peur d'aimer , ils ne se sentent pas à la hauteur , alors préfèrent rester dans le silence... ils sont impressionnés par leur intelligence ou leur beauté , peu importe, et préfèrent se rapprocher de filles faciles, consommables... dont ils oublieront tout
et lorsque cette inconnue est " facile " , comme tu le dis jf moods , sa frustation décuple... car l'histoire ne dit pas si elle est avec un amant de passage ou avec l'homme qu'elle aime, on peut parfaitement imaginer que le narrateur l'avilie volontairement par frustation... il ne sera jamais à la place de cet homme... jamais...
Souvent dans les chansons de BB, l'amour , le vrai, ne resiste à rien, Bien Avant ... etc
du reste , il aborde le désir de façon différente du point de vue d'un homme, dans la " garçonnière " , cette femme qu'il consomme , il ne la respecte pas ... elle donne son corps et lui connaît toutes les ficelles en quelque sorte, c'est physique c'est tout... c'est " facile "

s'il pouvait il parlerait à cette inconnue, mais tout deviendrait peut être trop " facile "... cela me fait penser aux scènes dans " two lovers " où Joaquin Phoenix guette de sa fenêtre Gwyneth Platrow , il est fasciné , c'est un sentiment complexe, on veut mais on ne peut pas , de peur de decevoir ...
je pense en fait que la fin de " chère inconnue " n'est pas une fin ...
" auriez vous pris possession de ma vie de ma vue en terre inconnue, non ... "
peut être a -t il pris conscience de la force de cette attirance , et qui sait oser enfin aller lui parler ...

toujours est-il que BB magnifie toujours les sentiments humains quels qu'ils soient...

je suis globalement d'accord avec ce que tu dis natacha , là où je suis en désaccord avec jfm c'est quand il ne voit pas l'autre homme

par contre je ne vois pas la fin comme toi, je ne pense pas qu'il décide qu'il est temps d'aller la voir à la fin mais il faudrait que je réécoute et relise

et "ingénue" c'est juste une fois encore la femme fantasmée parfaite (= qui serait souvent une pauvre chose toute innocente pour vous les hommes) qu'il imagine et (surtout à mon avis ) ça rime bien avec le mot inconnue tout simplement

Super vos explications / analyses Pour moi il va la voir à la fin

qu'est ce qui te ferait dire ça ?

lili a écrit:

qu'est ce qui te ferait dire ça ?

Il ne le dit pas, mais pour moir c'est à chacun de s'imaginer la fin .... moi j'espère de tout coeur qu'il va voir cette inconnue

oky

va savoir pourquoi j'ai du mal à imaginer un texte qui se finirait bien chez bb

lili a écrit:

oky

va savoir pourquoi j'ai du mal à imaginer un texte qui se finirait bien chez bb

rolalalalalla mais moi je les trouve très positifs ses textes !!! Et au moins il décrit la vraie vie
Il y en a marre de ces textes guimauves qui nous font croire que la vie est belle, que tout le monde s'aime, que l'amour est éternel et qu'il faut avoir la pêche tous les jours C'était mon ptit coup de gueule lol

Padampadam ça finit bien lol

je suis pas contre les textes négatifs sinon j'écouterai plus ml ou cm mais je sais pas où tu vois le positif en général à part quelques touches de ci de là

padam ne finit pas bien elle ne finit pas d'ailleurs mais elle parle de quelque chose qui n'existe pas mais qu'il souhaiterait donc c'est pas plus positif que ça

Je suis d'accord avec toi pour la fin, lili !

Pour moi, la cause profonde de ce voyeurisme réside dans ces deux vers :

Citation :

Je l'ignorais mais la vie
est une somme de bévues

Constat on ne peut plus amer : le temps nous apprend que les déceptions sont invariablement au rendez-vous dans le monde réel. Les histoires d'amour finissent mal... en général. À quoi bon commencer une histoire que l'on sait vouée à l'échec tôt ou tard ? Le plateau de la balance s'abat lourdement du côté de chez Baudelaire, Huysmans, Proust : les seuls vrais paradis sont les paradis perdus et/ou imaginaires. Alors, autant s'immerger, corps et biens, sans espoir de retour, hors du monde, dans un monde purement fantasmatique.

Citation :

"N'importe où ! n'importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde !"

Baudelaire - "Le spleen de Paris" -

lili a écrit:

je suis pas contre les textes négatifs sinon j'écouterai plus ml ou cm mais je sais pas où tu vois le positif en général à part quelques touches de ci de là

padam ne finit pas bien elle ne finit pas d'ailleurs mais elle parle de quelque chose qui n'existe pas mais qu'il souhaiterait donc c'est pas plus positif que ça

ml - cm ?
C'est un ressenti, qd j'écoute ses paroles ça me donne le sourire et je ne vois plus du tout le côté négatif dont la plupart des gens me parlent. Ils ont raison j'en suis consciente mais benjamin Biolay décrit tellement bien ce que je ressens par moment que je me dis "ouawwww je suis pas seule" lol Donc le négatif de ses chansons je le vois en positif ! (c ptre pas bien clair et vous vous dites que je suis tordue loooooooool )

lavoine ou maé

la musique porte à ça effectivement, il y a un décalage intéressant , comme on le retrouve (systématiquement) chez alex beaupain par exemple, je ne sais pas si tu l'écoutes

et je crois comprendre ton positif/négatif : tu veux dire que de voir que t'es pas seule te remonte le moral ?

tu t'attardes plus sur l'effet sur toi que la chanson elle même en fin de compte, c'est une approche

Ce qui me surprend le plus, c'est que vous puissiez entendre le début de l'ébauche du commencement de l'entame d'un vague sentiment de frustration/colère/rejet lorsque BB prononce les mots "au lieu de cet imbécile"...