julien a écrit:

pour moi je voyais l'appart du narrateur exactement au même endroit que toi jf : en face, un peu au dessus...

Idem !

Comme chez Baudelaire... ou Huysmans : les seuls vrais paradis sont les paradis qu'on s'invente.

@Ailleursetici : si on ne remets pas toujours tout en question, on s'******* !

Le désir éprouvé envers cette femme ne peut être entretenu que par le mystère et l'inaccessibilité dont elle est auréolée. Le "si j'avais su" m'apparaît ici comme une simple clause de style, une manière de justifier l'absence d'initiative de la part du narrateur. En fait, cette situation lui convient parfaitement car s'il la rencontrait il serait forcément déçu.

En résumé : elle lui est chère parce qu'elle lui est inconnue.

jfmoods a écrit:

En résumé : elle lui est chère parce qu'elle lui est inconnue.

Joli !

Est-ce vraiment un hasard si le seul non sans point d'interrogation se situe à cet endroit ?

Citation :

Chère inconnue,
Je veux tes bas couleur chair
Je veux ta peau écrue,
Pour la vie entière

Non.

jfmoods a écrit:

Julien a écrit plus haut :

Citation :

qu'il parle de lui en tant qu'imbécile... (faire cet imbécile) donc au lieu de rester à l'espionner de chez lui (un étage au dessus de chez elle, en contre plongée)

C'est exactement ce que je pense... sauf que pour moi, le narrateur est en face, de l'autre côté de la rue, mais un ou deux étages au-dessus.

mais nonnnn lisez la phrase :

je serais venu au lieu de cet imbécile qui reste au-dessus tout de noir dévêtu


on comprend clairement qu'il y a deux personnes je et l'imbécile sinon il dirait pas " au lieu de " non ? il aurait tourné la phrase autrement je suis cet imbécile qui reste au dessus par exemple, là y a au lieu de ça veut bien dire 2 personnes !
il y a bien un imbécile qui reste au dessus et qui est tout de noir dévêtU

ensuite il est en face vraiment en face on le comprend avec le 'vis à vue' pour moi, je l'entends comme à hauteur de vue , pile, je vois pas d'où vous comprenez les étages ??????

et tout le côté physique/sexuel est carrément évident avec l'emploi de "tes bas couleur chair ta peau écrue" juste à la suite

jfmoods a écrit:

Du reste, ça explique tout à fait pourquoi il continue à idéaliser cette femme à la fin. S'il l'avait effectivement vue avec un autre homme, nul doute pour moi que le désir qu'il éprouve pour elle aurait fondu comme neige au soleil.
"Su" aurait donc ici le sens de "découvert".

mais non l'obsession est telle que ça le rend jaloux , rien ne peut détourner son attention d'elle

jfmoods a écrit:

Est-ce vraiment un hasard si le seul non sans point d'interrogation se situe à cet endroit ?

Citation :

Chère inconnue,
Je veux tes bas couleur chair
Je veux ta peau écrue,
Pour la vie entière

Non.

faux y en plein d'autre sans point d'interrogation

¤

c'est marrant pendant le live de cette chanson , j'ai eu un éclairage subi sur le 'non final' et là impossible de me rappeler

En fait, "Chère inconnue" ouvre des pistes vers d'autres réflexions. On pourrait, en particulier, établir un étonnant parallèle avec "À une passante" de Baudelaire. J'y reviendrai.

lili a écrit (à propos de "Chère inconnue") :

Citation :

mais non l'obsession est telle que ça le rend jaloux , rien ne peut détourner son attention d'elle

Où lis-tu de la jalousie dans ses propos ?

"Ce salaud", c'est de la jalousie. "Cet imbécile" : il se moque de lui. Ça n'a rien à voir.

Étranges, tout de même les liens que l'on peut tisser entre ce poème de Baudelaire...

Citation :

À une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.

Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,

Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,

La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté

Dont le regard m'a fait soudainement renaître,

Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !

Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,

Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

Baudelaire, 
Les Fleurs du mal, 1857

... et "Chère inconnue" de BB...

Il y a d'abord les éléments communs aux deux textes :

- un corps fantasmé ("jambe de statue") pour Baudelaire / "J'enchaine aux fortes crayons Les éprises de vue De votre anatomie" pour BB
- une femme complice de son oeuvre de séduction :
(Baudelaire : "Ô toi qui le savais" / BB : "Si vous saviez qu'un amour Transi et déçu Vibrait à votre insu... L'auriez-vous choisi Non ?")
- la même conclusion que l'on peut tirer à cette histoire : les vrais paradis sont les paradis imaginaires

Il y a aussi et surtout les éléments en contraste absolu entre ces deux textes :

- un fantasme immédiat (coup de foudre) qui a eu lieu dans le passé et qui gît donc dans le souvenir pour Baudelaire / un fantasme actuel né d'une suite d'observations pour BB
- les vêtements (le feston et l'ourlet) pour Baudelaire / la nudité pour BB
- lieu public (la rue) pour Baudelaire / sphère privée (la chambre) pour BB

Pas tout à fait nue, bon... à cause de la pénombre.

"Au lieu de" souligne bien la dualité qui existe chez le narrateur. D'un côté, le "Je" de l'homme qui suit ses instincts sexuels et les assume sans se poser de questions. De l'autre, "cet imbécile" : l'homme qui, en lui, idéalise la femme et dont il se moque ironiquement (mise à distance par l'adjectif démonstratif).

Ailleursetici a demandé :

Citation :

Dis, Jfmoods, à théoriser à mort sur certains textes, tu n'as pas peur de perdre la saveur des chansons?

Non, là j'aurais pondu 25 pages !
Et puis, ce ne sont que des interprétations...
Comme pour les films : je préfère les fins ouvertes ("basic Instinct" ) où rien n'est imposé et où chacun peut tirer une signification selon son humeur ou sa personnalité.

Ailleursetici a écrit :

Citation :

je ne suis pas convaincue^^.

Tant mieux !

Il y a cet autre élément qui plaide, je dirais poétiquement, pour un seul individu mâle dans cette chanson : la symétrie. Elle, nue ou presque, d'un côté de la rue ; lui, nu ou presque de l'autre... et toute la distance infranchissable du fantasme entre eux deux.

jfmoods a écrit:

lili a écrit (à propos de "Chère inconnue") :

Citation :

mais non l'obsession est telle que ça le rend jaloux , rien ne peut détourner son attention d'elle

Où lis-tu de la jalousie dans ses propos ?

déjà dans le ton de bb sur certains passages, la façon de chanter, les réactions décrites, l'imbécile, les 'je veux'

Ailleursetici a écrit:

je relève ton "la nudité" chez BB. Elle n'est pas nue justement, la chère Inconnue?

argh je rentre dans ton jeu. J'ai rien dit

si elle est aussi tout noir dévêtuE à la fin du premier elle aussi

Ailleursetici a écrit:

Pour le " pas tout à fait nue", je pensais surtout au "tout de noir devêtue" que je visualise bien comme, elle, dévêtue, juste habillée d'une lingerie noire, renforçant toute la sensualité de ce titre.

ah non pour moi ça veut dire juste habillée du noir de la pièce/nuit aussi

jfmoods a écrit:

"Au lieu de" souligne bien la dualité qui existe chez le narrateur. D'un côté, le "Je" de l'homme qui suit ses instincts sexuels et les assume sans se poser de questions. De l'autre, "cet imbécile" : l'homme qui, en lui, idéalise la femme et dont il se moque ironiquement (mise à distance par l'adjectif démonstratif).

pas du tout ! je vois pas pourquoi alors qu'il est en train de regarder en face il n'y aurait pas ce deuxième homme , dis moi comment il se rend compte qu'elle est facile si elle est seule ?

Citation :

dis moi comment il se rend compte qu'elle est facile si elle est seule ?

Qu'elle soit facile n'est qu'une hypothèse (si).

si j'avais su que vous étiez facile, le si est sur le j'avais su pas le facile

Admettons donc que cet autre homme existe, lili ! Pourquoi le narrateur serait-il jaloux de l'autre homme et n'exprimerait-il nul grief contre elle ?

parce qu'elle elle l'obsède alors il lui pardonne tout

Citation :

Si j'avais su,
Que vous étiez facile, je serais venu,
Au lieu de cet imbécile, qui reste au dessus
Tout de noir dévêtu

Le sais-tu ?

Chère inconnue,
Je veux tes bas couleur chair
Je veux ta peau écrue,
Pour la vie entière

C'est là où se situe le coeur du problème, en fait...

pfiou, le mal de crane ! je suis bien content d'apprécier ce morceau sans me torturer l'esprit

j'ai remarqué qu'il y'avais + de consonnes que de voyelles dans ce morceau, ça a un signe ? peut être le signe d'un machisme caché ? va savoir...