La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil... Même pas peur!
J’aime bien J Sfar. Dessinateur réjouissant, personnalité foisonnante.
Pas grand chose à reprocher à cette Dame, à priori…
On ouvre sur Elle et la mer, Méditerranée, bien sûr. Ensuite, la photo, soignée à souhait, une BO, nickel, un casting, chouette, une déco, comme un inventaire des années 70, une voiture de rêve, une histoire, très alambiquée. Ce patchwork pourrait être très réussi mais…
Parfois, la volonté si déterminée de restituer une ambiance malgré, les références cinématographiques par exemple, ne suffit pas à retrouver l’esprit et, à vraiment nous faire perdre connaissance…
Et cette très belle Dany, si juvénile encore, perchée sur ses longues jambes assorties de sandales- échasses que J Sfar filme avec tant de plaisir, ne nous fait pas chanceler comme on pourrait s’y attendre quand on a le souvenir de ce roman formidable au personnage féminin si passionnant, sur le fil de la folie, et ce texte, ô combien, déroutant.
On a beau évoquer Hitchcock et un peu plus Lynch, on en est tout de même loin et, on reste, simple spectateur,à regarder se dérouler cette histoire sans être vraiment embarqué.
Quand on sait que c’est une œuvre de commande, on se prend à regretter que J Sfar n’ait pas signé le scénario. On peut apprécier néanmoins l’esthétique très recherchée même sophistiquée de la réalisation, mais tout cela reste comme un beau placage vintage.
Et on en sort, tranquille, avec, néanmoins, un léger sentiment de frustration. Il y manque, tout simplement, le trouble et l’effroi. L’essentiel.
Quant à BB, si on rentre par sa porte dans ce film, que dire ? Il incarne très bien le personnage. Sa présence et sa voix y participent. Point .
Justement, peut-être, serait-il intéressant, tout de même, puisque le cinéma lui est si cher, qu’il sorte un peu de ces rôles où avec des sauces différentes, il endosse un peu trop le costume de l’inquiétant, voire de l’ effrayant, à l’expression fermée, et, au potentiel de " mauvaiseté " sans limite ! On peut être vite catalogué dans ce type de rôle. Des très grands, me semble-t-il, s’y sont parfois perdus…
Pourquoi la veine " Stella " ou " Pourquoi tu pleures ? ", un peu plus sensible, reste-t-elle si peu exploitée ?
Sa palette est si étendue dans sa musique qu’on attendrait plus de variété sur l’écran.
Ou peut-être faudra-t-il qu’il se mette, lui-même, en scène pour qu’il en sorte, autre chose ?
Juste ces phrases, pour revenir à l’esprit du livre, du personnage et la beauté de l’écriture de S.Japrisot.
" La folie, je le sais maintenant, c’est ça, des choses très précises – des fleurs bleues à cœurs rouges, un pansement sale, le soleil dans les palmes – des détails durs qui ne s’assemblent pas, qui ne mènent à rien d’autre qu’à vous. "
" J’ai regardé mon visage au dessus du lavabo. Je me suis demandée ce qu’il y avait derrière mes propres yeux, quel secret, comme un oiseau perdu qui se déchire les ailes, tournoyait et tournoyait au fond de cette tête, au fond de ce cœur. "