Imaginer… Tant de temps .
Je crois qu’un jour, la femme et les amis d’Henri Salvador ont reçu d’étranges messages. C’étaient des mots doux qui parlaient d’absence, de départ, de souvenir, d’amour.
Des notes rondes et surtout une Voix suave qui enveloppait tout
Sûr que cela venait de l’au-delà .
Mais que faire de ce trésor ?
Le laisser ainsi presque en friche ? Point ne fut besoin de partir trop loin. Il fut très vite décidé de l’acheminer vers le célèbre laboratoire de l’eau d’ici, la fameuse eau de jouvence du Docteur Biolay, l’alchimiste qu’on nomme aussi l’enchanteur BB.
Il est connu pour faire des merveilles
et, on raconte, qu’ il sait même tailler les diamants bruts...
Lui, il ne travaille pas seul. Il a des complices, depuis longtemps, Nicolas le belge et Denis, qui le comprennent au coup d’œil, d’un mouvement de la main, à demi-note.
Cette Voix, l’approchait, au plus près! Il se souvenait avoir eu quelques maux avec cette Voix, quelques batailles
Mais elle le charmait et le replongeait dans un autre temps de sa vie.
Alors j’imagine qu’il a écouté , qu’il a fumé, qu’il a réfléchi , qu’il a refumé et qu’ il s’est mis à l’ouvrage.
Il a entrepris de confectionner son philtre de l’immortalité des chansons, tard dans la nuit.
Il a trouvé les accents d’hier pour aujourd’hui, il a laissé les cuivres jazzy s’épanouir.. Il a mis une pincée de bossa. Il a ouvert la Voix pour la retrouver dans son authenticité et sa fraîcheur.
Il a même arrangé des rhums pour laisser le flâneur créole parcourir les rues de Paris en toute quiétude..
Il lui a aussi accordé le temps de faire et de répéter sa déclaration à son amour.
Il a même retrouvé un duo avec un ami lyonnais à l’organe tendre et velouté du nom de H.M. et l’affaire fut délicieusement bouclée.
A un moment il a aussi voulu accompagner la voix gouailleuse et ça avait un air de Gainsbourg-Mitchell, d’antan.
Petit à petit on a senti s’installer un étrange climat de carpe diem
et une mélancolie joyeuse tout au long des mélodies.
Et puis, quand il a imaginé l’aube sur Syracuse, il n’a plus pu résister, à mon avis. Alors il a senti le vent du voyage, il a voulu partir pour ce tour de planète . Il s’est dépassé, a excellé et, tout le monde l’a suivi. Nicolas le belge a donné de sa basse à fond, et Denis avec ses balais magiques, a lancé des poussières d’étoiles.
C’était comme aller à la découverte des merveilles du monde sur des tapis volants. Léger, fluide, aérien, guidé aux seuls sons de la Voix et de la musique. Puis, le temps de reprendre son souffle, retourner vers d’autres destinations rêvées.
On dit que plus tard des tapis d’étincelles musicales
ont même rejoint le paradis des musiciens
et, qu’Henri, dans un grand rire ravi
a lancé un clin d’œil
à l’enchanteur de l’eau d’ici et que depuis, là haut, leurs nuits sont enfin aussi belles que leurs jours.
Salvador et Biolay. For ever, Young.