C'était comment Les Françoises?
Par Gilles MédioniRosemary (Moriarty), Emily Loizeau, Camille, La Grande Sophie, Olivia Ruiz et Jeanne Cherhal ont donné leur seul et unique concert ensemble au Printemps de Bourges. Verdict.
Les Françoises groupe éphémère formé par Olivia Ruiz, Camille, Emily Loizeau, La Grande Sophie, Jeanne Cherhal et Rosemary Standley (de Moriarty) se sont donc écloses hier soir au Palais d'Auron. Le temps d'une rose les six chanteuses les plus en vue de Bourges ont donc échangé leurs chansons le long d'un cadavre musical réellement exquis très applaudi par un public de tous âges venu en masse - mais qui grognait contre l'agencement de la salle. Difficile, hélas, de voir le spectacle de la fosse.
Il n'y a pas eu de débat sur l'identité Françoise, chacune arborait une couleur sur son costume sombre. Les six filles sitôt leurs loups enlevés sur une musique de Vivaldi, se sont transformées en Petites filles modèles de la pop : pestes, drôles, complices et rock'n'roll. La Grande Sophie à la batterie, Olivia Ruiz aux percus, Camille au piano - et au sac de gravier - ont fait sensation. C'est Edith Fambuena (Fantaisie militaire) qui jouait les directrices musicales.
Le show des Françoises parfois claudicant mais toujours d'humeur de printemps a su trouver sa couleur et son ton. Bien sûr, les spectateurs ont plébiscité surtout les tubes donnés dans des versions très réussies. La Grande Sophie a fait sienne J'traîne des pieds (d'Olivia Ruiz), Camille L'Autre bout du monde et Jeanne Cherhal Pays sauvage (d'Emily Loizeau), Olivia Ruiz Jimmy (de Moriarty)...
Des vannes girly sur les Françoises voletaient dans l'air (soutien-gorge, rouge à lèvre, déodorant). Jeanne Cherhal a montré tout au long du spectacle un solide sens de l'humour: sa réplique "Les Franquoises de l'Oréal"a fait mouche.
Déjà la conférence de presse avait donné lieu à des échanges lunaires:
Le modérateur (aux journalistes): "vous avez des questions?" Camille: "c'était quoi votre question? Le modérateur: "non, je m'adressais à la presse!" Camille: "ah, si nous les Françoises, nous avons des questions? " Fin de la parenthèse.
Au Palais d'Auron donc, le spectacle a résolu toutes les équations, notamment celle de l'égo.
Après 1h 25 de concert, 2400 Françoises et François sortaient le sourire aux lèvres. Aux dernières nouvelles, Françoise Hardy n'a pas envoyé de message personnel.
http://www.lexpress.fr/culture/musique/c-etait-comment-les-francoises_885580.html¤¤¤
Le "Girl Power" triomphe avec Les Françoises au Printemps de Bourges
(AFP) – Il y a 21 heures
BOURGES — Généreuses avec le public autant qu'entre elles, Olivia Ruiz, Camille, Emily Loizeau, Jeanne Cherhal, La Grande Sophie et Rosemary du groupe Moriarty ont offert un moment rare au Printemps de Bourges vendredi soir, avec leur création unique "Les Françoises".
Le pari du festival était un peu fou : réunir dans un groupe éphémère six des artistes féminines les plus en vue de la scène française et leur demander de mettre leurs egos de côté pour explorer leurs répertoires respectifs.
C'est d'abord en groupe que "Les Françoises" se présentent au public pour interpréter en canon une pièce du compositeur contemporain Maurice Ohana, puis un extrait d'"Il Giustino" de Vivaldi.
Dans la pénombre, le visage dissimulé derrière un loup, Olivia Ruiz en faux-cul bleu, Jeanne Cherhal en short à paillettes, et les autres se frôlent et mêlent leurs voix, soudain moins reconnaissables qu'à l'accoutumée.
Puis le "groupe" se met en place. En plus d'interpréter chacune deux chansons puisées dans le répertoire des autres, les filles ont décidé de jouer elles-mêmes de tous les instruments et passent allègrement de la batterie au piano d'un morceau à l'autre.
Toutes ces artistes dotées d'une identité musicale forte s'approprient sans peine les morceaux, au point qu'on en vient à se demander si "Pays Sauvage" d'Emily Loizeau n'a pas toujours été une chanson de Jeanne Cherhal ou "8 O'clock" d'Olivia Ruiz un titre de Moriarty.
Camille habille "L'autre bout du monde" d'Emily Loizeau de percussions corporelles et Olivia Ruiz transforme "Ta douleur" de Camille en une ritournelle gouailleuse.
Tant de personnalités réunies sur scène pourraient se parasiter, elles ne font que se renforcer. Les filles s'embrassent, se chambrent gentiment, s'interpellent d'un "Françoise" et prennent un plaisir visible à jouer les choristes de luxe sur leurs propres morceaux.
Quand La Grande Sophie reprend "J'traîne des pieds", Olivia Ruiz danse et chauffe le public avec encore plus d'enthousiasme que la veille, lorsqu'elle chantait ce titre sur une autre scène du festival.
Rapidement le public oublie la performance et ne cherche plus à identifier qui chante quoi pour se laisser emporter par la folie douce du groupe et ne plus apprécier qu'un répertoire : celui des Françoises.
L'inédit "Je m'appelle Françoise", dont chaque fille a écrit et interprète un couplet sur une air de guitare à la Brassens, est accueilli comme une vieille connaissance par le public, avant un rappel tout en douceur pour une reprise a capella et éclairée à la bougie de "Floricanto" de Lhasa.